lundi 27 août 2007

En arrivant au Port

Lundi 13 août j'ai profité de mon passage par Clermont-Ferrand pour aller voir la basilique Notre-Dame du Port dont il était question dans mon premier billet, et j'ai été par ailleurs consulter le livre de Guy Mourlevat Architecture et symbolisme dans une église romane (1993), dont j'avais dit du bien sans l'avoir lu, imaginant son contenu d'après une brochure de 1980 du même auteur, Nombre d'or et architecture romane en Auvergne.
Je ne regrette pas du tout cet éloge. Si l'ouvrage n'est pas entièrement consacré au nombre d'or à ND du Port, il en est largement question dans le corps du livre, et une annexe d'une trentaine de pages y est spécialement dévolue, reproduction d'un article paru en 1970 dans le Bulletin de l'APMEP (Association des Professeurs de Mathématiques).
Mourlevat avait fait paraître dès 1969 un autre article sur la question, peut-être un peu moins technique, dans un bulletin local archéologique. Nous sommes très près de Ma nuit chez Maud, tourné l'hiver 68-69, et il n'y a rien d'impossible à ce que Rohmer, prof de lettres comme Mourlevat, ait été au courant de ses recherches, d'où ce ne serait pas par hasard que ND du Port jouât un si grand rôle dans son film. Sinon il faudrait admettre qu'en cette même année 69 soit paru le premier article sur le nombre d'or à ND du Port et soit sorti le film de Rohmer, dont il est au moins acquis une certaine fascination pour le nombre d'or (voir sa citation déjà donnée: "chaque plan d'Eisenstein respecte, au millimètre, les lois du nombre d'or.")

L'article de 1970 indique que Mourlevat y travaillait depuis de nombreuses années, et qu'il a passé des journées entières à prendre des mesures dans la basilique. C'est dire que quiconque d'un tant soit peu curieux pouvait aisément apprendre l'existence de ses travaux, même antérieurement à leur publication.

Ce plan de ND du Port figurait dans l'article de 1970, il est issu ici d'une brochure normalement en vente dans la basilique, où une bonne place est accordée aux thèses de Mourlevat.
L'autre brochure en vente évoque sans complaisance les spéculations hasardeuses attachées au fameux "nombre d'or", ce qui démontre au moins à quel point ces thèses sont devenues incontournables.
Sans entrer dans les détails, Mourlevat a mesuré de façon précise des rectangles d'or dans les deux rectangles hachurés ci-contre, la nef sans le narthex de construction récente, avec une section d'or marquée par deux colonnes très particulières, le carré du transept prolongé jusqu'au premières colonnes du choeur.
Je ne vois guère comment Rohmer aurait pu représenter ces rapports dans son film, mais le rectangle d'or virtuel qu'il a créé, intentionnellement ou non, dans l'espace délimité par les deux colonnes du fond du choeur, l'autel et le haut de l'écran, prolongerait idéalement les rectangles d'or effectifs (intentionnels ou non) délimités par d'autres paires de colonnes.

J'ai emprunté à nouveau le DVD, pour découvrir, à l'aide du plan ci-dessus, que les premières images à l'intérieur de ND du Port montrent Trintignant à côté de la colonne de gauche du transept dans le prolongement des colonnes de la nef, l'angle de vue plaçant au-dessus de sa tête la première colonne de droite du choeur, joignant donc dans une même perspective deux sommets d'un rectangle d'or selon Mourlevat.

Ayant quelque peu progressé dans l'utilisation de mon nouvel ordi depuis mon premier billet, je suis désormais à même de proposer des copies d'écran plutôt que des photos floues et mal cadrées. Ainsi l'image ci-dessous est extraite du long plan fixe dont j'avais déjà donné une photo légèrement recadrée.

Je rappelle que le point fondamental qui a attiré mon attention sur ce plan est la largeur entre les deux colonnes, correspondant avec une grande exactitude à la petite section d'or de la largeur de l'image.

J'ai matérialisé en rouge un rectangle d'or construit verticalement sur cette largeur, avec pour section d'or le bord supérieur du rebord du vitrail. On voit que Rohmer aurait pu mieux faire coïncider son espace avec ce rectangle, mais il n'est pas impossible que, à l'instar d'Eisenstein, il ait été persuadé que l'oeil du spectateur était capable de recréer sans effort le rectangle idéal, avec la ligne supérieure approximativement dans le prolongement d'une assise de la colonne de gauche. Or, cette ligne virtuelle acquise, il est fascinant que les divisions réelles du vitrail, ici soulignées en jaune, dessinent dans le rectangle d'or rouge horizontal un rectangle d'or vertical assez idéal, avec sa section d'or incluse.

Je ne détaillerai pas ici les calculs de Mourlevat, dont je me borne à répéter qu'ils m'impressionnent et sont bien loin des fumisteries diverses qui abondent sur le sujet.
Un point qui me frappe particulièrement est qu'à deux reprises au moins Mourlevat lui-même s'étonne de résultats dépassant ses attentes, portant à imaginer une sophistication extrême des maîtres d'oeuvre de la basilique.
Mes propres recherches m'ont amené si fréquemment à de telles remarques que j'en suis venu à une vision "magique" des affaires où le nombre d'or semble impliqué. Je ne peux qu'inviter à consulter mes nombreuses pages sur le sujet pour mieux comprendre cette vision.

Toujours est-il que ma "magie" s'est manifestée en ce 13/8, d'abord peut-être par cette date de mon premier passage à Clermont-Ferrand, qui m'a été imposée par des circonstances extérieures: l'état de ma mère nécessitait son transfert le 16/8 d'une résidence de service à une résidence médicalisée. Les nombres 8 et 13 interviennent à maintes reprises dans mes aventures dorées (voir par exemple ici), et cette unique date composable avec ces nombres précède immédiatement le 14 août, 226e jour de l'année où tombe sa section d'or, et anniversaire de ma mère.

Une autre coïncidence aurait pu se produire tout autre jour, pendant les deux ans où l'intérieur de ND du Port est fermé au public, à l'occasion d'importants travaux de restauration. Je me suis émerveillé de la répartition du financement de ces travaux.

En nombres entiers, 100% se répartit selon la section d'or en 62% et 38%: on voit que les 3 premières parts totalisent ici 15+24+23 = 62% (et 38% bien sûr pour les 2 dernières parts).

Toujours en nombres entiers, 62% se répartit en 38% et 24%, et les 24% de l'Etat actualisent cette possibilité.

Enfin 38% se répartit optimalement en 23% et 15%, et ce partage est effectif dans les deux groupes de 38%.

Je ne trouve pas de mots pour exprimer à quel point cette répartition est ahurissante, à commencer par ces 5 parts (le nombre d'or est lié au nombre 5; je rappelle les pentagones étoilés décorant les rues de Clermont-Ferrand dans le film de Rohmer).

Une brève enquête sur le web ne m'a pas permis de découvrir de subventions similaires, mais je n'ose pas imaginer que cette répartition soit unique et ait été décidée pour ce monument où le nombre d'or jouerait un rôle essentiel.

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