mercredi 23 avril 2008

patch-quilt

La récurrence des 813 ces temps derniers m'a conduit à achever un projet, la conception d'un quilt selon le nombre d'or. Ma compagne Anne en a assuré la réalisation effective.
Quelques explications techniques.
Le patchwork consiste à assembler des pièces de tissu en blocs, selon des motifs essentiellement géométriques, puis à assembler ces blocs. Une fois cette première phase achevée vient le quilting, ou matelassage, consistant à donner du relief à l'oeuvre doublée d'un molleton, par des lignes de piqûre soigneusement étudiées.
J'ai utilisé la suite de Fibonacci pour simplifier la découpe des pièces, partant d'un rectangle uni initial de 8x13 unités (5 mm), à partir duquel s'ajoutent en spirale des blocs carrés de 13, 21, 34, 55, 89, et 144 unités. Le patch achevé mesure 116.5 x 72 cm, en principe du moins, mais l'excellence du travail d'Anne garantit l'exactitude à quelques mm près (la photo déforme quelque peu l'oeuvre, cliquer pour agrandir).
Seules les lignes délimitant les carrés ont été quiltées, in the ditch (par-dessus les coutures d'assemblage), plus deux diagonales montrant l'unité de conception de l'oeuvre : elles recouvrent chacune des lignes correspondantes dans 3 carrés.
Les rapports d'or, ou plus précisément les approximations de la suite de Fibonacci, se chiffrent par centaines dans les grandeurs adjacentes. J'ai donné des indications plus précises sur la spirale de Fibonacci en introduction à ce poème.

Un essai a d'abord été réalisé, limité à 4 carrés plus simples, non quilté :
Le "8 13" a été ajouté en appliqué, autre technique, avec quelques finesses conceptuelles :
- L'aire du rectangle de 8x13 unités vaut 104, gématrie de NOMBRE D'OR, se répartissant selon le nombre d'or en 64 et 40, aussi ai-je composé mes chiffres pour qu'ils occupent 40 des 104 cases du rectangle.
- Le 8 est ici un 1 et un 3 soudés ensemble.
- On peut lire 8x13 ou 13x8, or je rappelle qu'Anne est native du 138e jour de l'année, ce qui lui a valu Palmes d'or à Anne l'an dernier, soit 138 anagrammes de PAMELA ANDERSON.
- Enfin j'ai pensé aux mots croisés de la revue 813, publiée par l'Association éponyme, lesquels sont sauf rares exceptions des grilles de 8x13 cases:
Un exemple de définitions qui colleraient avec cette grille (solutions en commentaire):
HORIZONTALEMENT
I. L'enfance du polar (emprunt à JH Oppel, créateur de la rubrique).
II. Article, ou sa fin.
III. Vache rouge azur - File plus vite que son nombre - File mieux sur une toile cirée.
IV. Pour les balades.
V. Dans le fruit, ou fruit de la bête immonde.
VI. Est anglais, ou en Côte du deuxième du III - Vieux vers - Préfecture du 05.
VII. Quelque part selon Leforestier.
VIII. Il y est arrivé le 18 juin 2006, Paulo (orthographe non admise par l'académie, mais néanmoins logique)
VERTICALEMENT
1. Tous ne s'appellent pas Hannibal.
6. Ainsi j'ai composé cette grille.
7. Une adepte marseillaise d'un philosophe disparu récemment ne l'est pas forcément.
9. N'importe quoi pourvu que ça colle.
13. Rue Cases-noires.

lundi 21 avril 2008

et la brouette

J'ai cherché ce qu'il y avait de Jouve à ma médiathèque; pas grand-chose, le numéro d'Europe à lui consacré, et Les Noces, son premier recueil poétique.
Je suis tellement passionné par la littérature à contrainte que je ne sais comment aborder les textes non contraints. Les lire, certes, mais quand ça cause un peu trop de Jésus j'ai tendance à bloquer...
Toujours est-il qu'en feuilletant assez rapidement j'arrive page 65 où je vois une BROUETTE majuscule, or mon ami Francis Mizio anime le site néobrouettes, dont une rubrique est consacrée à la récurrence brouettique littéraire, aussi je lui copie le poème:

LA BROUETTE
Arrêtée sous le grand orme de vie de soleil et de __ _ _nuage
C'est le plus beau chant possible
En l'honneur de Dieu essentiel

Par un matin où l'on distingue à peine les ombres
Tant il fait clair, et les arbres géants
Suspendus à la mamelle du ciel mauve
Et la brouette
__ _ ____ _ _avec l'esprit naïf du bois naturel
Eclairée par le dessous et le dedans.

______ _ __ _ _Pierre Jean Jouve
__ _ _ ___ _ _(Des déserts, in Les Noces)

Puis je me dis que je pourrais en profiter pour passer le texte au Gématron, à tout hasard, et voici le résultat:


LA13 BROUETTE106 [119]

Arrêtée72 sous74 le17 grand44 orme51 de9 vie36 de9 soleil72 et25 de9 nuage48 [466]

C3'est44 le17 plus68 beau29 chant46 possible97 [304]

En19 l12'honneur95 de9 Dieu39 essentiel108 [282]


[1171]Par35 un35 matin5736 l12'on29 distingue108 à1 peine49 les36 ombres72 [470]

Tant55 il21 fait36 clair43, et25 les36 arbre[1901]s63 géants66 [345]

Suspendus138 à1 la13 mamelle61 du25 ciel29 mauve62 [329]

Et25 la13 brouette106 [144]

avec31 l12'esprit87 naïf30 du25 bois45 naturel91 [321]

Eclairée58 par35 le17 dessous102 et25 le17 dedans47. [301]

[Ce texte de 277 lettres a une somme gématrique de 3081.]

Je remarque aussitôt deux choses:
- la valeur 3081 du total gématrique, permutation de 0813;
- la petite section d'or gématrique tombant exactement sur le saut de ligne divisant le poème en deux nettes parties ou strophes.
Ceci me pousse à approfondir, et à dénombrer
- 27 mots et 106 lettres pour la 1e partie
- 43 mots et 171 lettres pour la 2e partie
- 70 mots et 277 lettres pour le poème entier
Ces répartitions sont exactement conformes à l'harmonie d'or, et de fait je connais déjà ces nombres : 27-43-70 sont les premières mesures de la Série Rouge du Corbusier, déjà mentionnée ici, les autres nombres apparaissent dans mes recherches sur Bach.
Il est encore confondant que ce poème sur la BROUETTE=106 débute par une strophe de 106 lettres.
Et que dans cette édition (collection de poche Poésie/Gallimard) ce poème soit page 65, le nombre précédent dans la suite additive 65-106-171-... Ceci au moins est fortuit, pour le reste chacun est libre d'avoir son propre avis. Pour ma part je reconnais encore ici Sainte Chronicité, ou Santa Ana, ou l'éon Napol, qui, quel que soit son nom, m'a conduit au peut-être seul poème de Jouve se prêtant à de telles possibilités.

Quelques autres curiosités. J'ai déjà rencontré le nombre 3081, dans d'étranges conditions, associé à un 813 chez Martin Winckler qui se plaît aussi à des citations 813 en hommage à Leblanc.
Francis Mizio écrit, et est membre intermittent de l'association 813 des amis de la littérature polar, dont je fais aussi partie, de même que Jean-Hugues Oppel qui, en hommage à Mizio, ne manque pas de glisser une "brouette" dans chacun de ses romans.
L'une des occurrences de la brouette littéraire a été repérée dans l'oeuvre de Max Aub, or j'avais pensé à ce grand humoriste noir en apprenant que Jouve avait écrit un recueil de poèmes X (porno), intitulés Beaux Masques, ce qui est à peu près l'anagramme phonétique de Max Aub, et j'ai particulièrement remarqué cet auteur au nom doré
MAX AUB = 62 = 38 + 24
car il est l'auteur de Crimes exemplaires, qui dans sa parution originale était un recueil de 100 courts récits criminels, 100 étant le nombre suivant dans la suite 24-38-62-100.

jeudi 17 avril 2008

Annana Dryft

J'achevais mon billet sur La femme d'à côté en remarquant le nom doré de la narratrice, le personnage le plus important du film après le couple Bernard-Mathilde. Odile Jouve a tenté de se tuer 20 ans avant, après avoir été abandonnée par l'homme qu'elle aimait. Je m'étais interrogé sur ce nom Jouve, sans penser à Pierre Jean Jouve dont une correspondante m'a rappelé l'existence.
Et puis j'ai trouvé dans ma bibliothèque un exemplaire de Paulina 1880, premier roman de Jouve (1925), et j'ai vite compris que la présence du nom Jouve chez Truffaut était probablement une allusion voulue. Après avoir fait l'amour avec lui, Paulina tue son amant d'une balle dans la tête, puis retourne son arme contre elle, exactement ce que fera "Mathilde 1981". Petite différence, la balle que s'est tirée Paulina ne l'a pas tuée, alors que Mathilde ne s'est pas ratée, mais le film offre aussi le personnage d'Odile Jouve, précisément, qui a voulu se tuer par amour et qui s'est loupée.
Mais ce qui me semblait un petit hasard, le nom doré ODILE JOUVE = 45 73, prend une tout autre dimension en allant voir du côté de Jouve et de Paulina. La vraie "madame Jouve" se nommait Blanche, et BLANCHE = 45 comme ODILE. Ci-contre Jouve peint par Willy Eisenschitz en 1925, l'année où il a épousé Blanche Reverchon, et où il a publié Paulina 1880.
1925 fut pour Jouve le début d'une vita nuova, qui lui fit renier tous ses écrits antérieurs, et ce premier roman était si important à ses yeux qu'il se plaisait à dire "Paulina c'est moi", reprenant la boutade de Flaubert en en assumant toutes les implications.
Or la gématrie livre ceci:
PIERRE JEAN JOUVE = 71 + 30 + 73 = 174
PAULINA PANDOLFINI = 74 + 100 = 174
La signature que s'est choisie Jouve, sans être un pseudonyme, n'est pas son nom selon l'état civil, Pierre Jouve, auquel il a adjoint son troisième prénom, or ce nom régulier a même valeur que celui de l'amant de Paulina:
PIERRE JOUVE = 71 + 73 = 144
MICHELE CANTARINI = 55 + 89 = 144
Le couple des amants impossibles, ou les deux identités de Jouve, se conjuguent dans le total 174+144 = 318, or l'obsession 813 de Truffaut l'a conduit à placer ses propres amants à la dérive dans une voiture immatriculée 813:
813 VF 38, or Paulina 1880 a été publié en octobre 1925, alors que Jouve, né le 11 octobre 1887, fêtait ses 38 ans. A remarquer qu'on exprimait souvent les dates en -bre sous forme raccourcie, ainsi 11 8bre pour le 11 octobre, ce qui peut faire écho à la valeur 118 de Odile Jouve, mais c'est surtout le découpage doré de 118 en 45-73 qui m'interpelle.
Le nom de l'amant de Paulina chez Jouve admet aussi un partage doré, en 55-89, lequel n'est en rien quelconque puisque 55-89-144 sont des nombres de la suite de Fibonacci, donnant les meilleures approximations du nombre d'or. Depuis plus de 5 ans que je m'intéresse à la question, et que je suis attentif aux "noms dorés", je n'avais encore rencontré aucun nom, réel ou fictif, offrant cette harmonie difficile à surpasser, attendu que l'harmonie suivante de la suite de Fibonacci, 233 partagé en 89-144, est moins probable pour des noms usuels.
Si rien ne me permet d'imaginer que Jouve se soit livré à des jeux gématriques, j'avais reconnu à ma première lecture de Paulina 1880 une intention numérologique dans sa structure en 119 sections, numérotées de 1 à 119, réparties en 6 parties de 2-30-30-30-26-1 sections. Si cette succession de 3 parties de 30 sections semble voulue, il est périlleux de prétendre en deviner le sens pour l'auteur. Au moins faut-il signaler que, dans ce récit éclaté, les 2 sections de l'introduction se situent en 1880, comme la 5e partie, en conséquence peut-on envisager un schéma 30-30-30-29; peut-être est-il alors à considérer le code typographique "30", ou "XXX", signifiant qu'un texte est prêt à l'impression...
Peut-être... Pour ma part, en tant qu'obsédé du nombre d'or, je remarque que 119 a pour section d'or 74, valeur de PAULINA, et que le récit pourrait faire écho à cette approche. Dans la 4e partie, Paulina espère trouver dans la religion un remède à la passion qui la brûle, et entre au couvent de la Visitation. Le chapitre 74 s'achève sur ces mots:
"Vous ne serez plus appelée Paulina Pandolfini, lui dit le célébrant, mais soeur Blandine de la Visitation."

Mais l'autorité religieuse aura des doutes sur la vocation de la novice, qui est renvoyée dans le monde à la fin de 1879, et à son nom Paulina. La 5e partie la verra renouer avec Michele, jusqu'à ce qu'elle déchiffre sur un mur l'ordre divin lui intimant de tuer son amant...
La 6e partie ne comporte qu'une longue section, montrant ce qu'il est advenu de Paulina après les 10 ans de prison purgés pour l'assassinat de Michele: elle vit seule désormais dans une petite maison à la campagne, sous le nom de Marietta... Ainsi aux sections clés 74 et 119 sont associées des nouveaux prénoms pour Paulina.
Je vais essayer de clore là les relations numériques chez Jouve, bien qu'il me démange d'approfondir la question, pour revenir à Truffaut.
Ainsi le choix du nom Odile Jouve du personnage de La Femme d'à côté trouve de multiples échos dans Paulina 1880, par les valeurs numériques 45-73-118:
  • anniversaire de Jouve le 11 8bre
  • structure de Paulina en 118 sections + une
  • Paulina amoureuse d'un homme au nom doré
  • le couple = 318
Il y a surtout la stricte égalité avec la femme de Jouve, BLANCHE JOUVE = 45 73, demeurée sa compagne jusqu'à sa mort, ce qui amène à une autre formidable coïncidence. La dernière compagne de Truffaut a été Fanny Ardant, premier rôle féminin de ses deux derniers films, or
FANNY ARDANT = 60+58 = 118
et ces deux films sont
LA FEMME D'A COTE = 103 et
VIVEMENT DIMANCHE ! = 167 (dont la section d'or est 103)
Fanny Ardant a incarné en 1990 l'héroïne du 3e roman de Jouve, Aventure de Catherine Crachat, et a mis au monde cette même année sa 3e fille, Baladine, prénom de l'héroïne du second roman de Jouve, Le Monde désert.
Fanny 1990...
Le titre de ce billet est une anagramme de Fanny Ardant, obtenue en séparant les lettres répétées, AAANNN, des autres, DFRTY, ce qui conduit au même partage 45-73 obtenu pour ODILE ou BLANCHE JOUVE.

J'ai relaté ici ma visite le 13/8 dernier à ND du Port, en omettant un détail obsolète puisque les routes nationales n'existent désormais plus. Toujours est-il que, selon ma carte périmée, je suis arrivé à Clermont-Ferrand par la RN 89 venant de St-Etienne et en suis parti par la RN 144, allant à Bourges. J'avais bien sûr reconnu les nombres de Fibonacci mentionnés plus haut, charmé que la date de cette rencontre s'exprime encore par des Fibos.
Le lendemain, toujours sur cette ex-RN 144, j'ai vaguement entraperçu un Centre de la France en passant dans un petit village, ce dont je me suis souvenu en regardant il y a peu L'Argent de poche, sympathique Truffaut cuvée 76. Le film débute en ce village de Bruère-Allichamps, où on voit une fillette poster une carte du monument marquant ce centre, avant de monter dans la voiture de son papa ci-contre qui l'attendait, Truffaut himself, garé sur la RN 144. Fondu enchaîné sur une bande de gamins dévalant les rues d'une petite ville qu'un panneau indique être Thiers, dernier bourg important avant d'arriver à Clermont-Ferrand, sur la RN 89... Dans l'optique du 813 exprimant un hommage à Hitchcock né un 8/13 (13 août à l'anglaise), j'ai décrété que cette apparition "caméo" typique de Hitch pouvait remplacer le 813 que je n'ai ni vu ni entendu dans ce film, et puis j'ai été voir le site de Bruère-Allichamps où j'ai appris que le géographe qui avait calculé ce centre idéal était un certain Joanne né en 1813...
La fillette thiernoise qui poste la carte à son petit copain resté à Thiers est incarnée par Pascale Bruchon = 138... Et le Toubiana-de Baecque m'apprend que cette histoire reprend une histoire vécue par Truffaut avec Liliane Romano = 138... Au secours!
La page citée plus haut, où j'ai appris que Jouve s'identifiait à Paulina, est le programme d'un colloque de Cerisy consacré à Jouve, qui a débuté le 13/8 dernier...
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Dernière minute : après avoir fini ce billet, j'ai la curiosité de lancer une requête Google "Fanny Ardant 813". Ma page est déjà recensée, et la suivante est le blog de atiredelle, qui à ce jour (19/4/8) a publié 813 articles (cliquer sur l'image), essentiellement sur Fanny. Pourquoi pas ? ce sera sans doute un autre chiffre très bientôt. Ce qui me sidère est le nom du blog, puisque j'avais cru malin d'intituler un billet de novembre à tire d'Elle. Le relisant je vois que le premier personnage mentionné est une Mathilde. Je me rappelle que ce titre était, involontairement, l'anagramme du début du titre du billet suivant, l'atelier de...
Les 813 articles sont répartis en 163 pages. Je vais voir la 118 (=Fanny Ardant) et elle commence par 3 photos toutes intitulées "Fanny 1990", je suis décidément toujours en retard d'un métro (le dernier ?)
A TIRE D'EL me donne envie de signaler une curiosité. Fanny a conquis le cinéma avec son rôle de Mathilde dans la
FEMME D ' A COTE alors qu'elle venait d'être une
DAME DE LA COTE dans un récent feuilleton TV.

samedi 5 avril 2008

quinte et sens

Je me suis jadis, il y a plus de 20 ans, intéressé à l'hébreu biblique, ce qui m'a conduit à quelques découvertes que j'ai vainement essayé de publier, sans m'y acharner il est vrai.
J'ai appris récemment que le point de départ d'une de mes recherches avait été redécouvert, sujet d'une publication savante l'an dernier.

La Tora, le Pentateuque, débute par la création du monde et s'achève sur la mort de Moïse, au seuil de la Terre Promise. Moïse meurt à 120 ans, est-il précisé, et la Tora donne également les durées de vie de tous ses ancêtres paternels, jusqu'à Adam, or très peu d'autres personnages bibliques (5 dans la Tora) ont droit à cette précision. J'ai eu la curiosité d'additionner les âges de ces 26 patriarches d'Adam à Moïse, ce qui donne 12600 ans, résultat étonnamment rond au vu de l'hétérogénéité des nombres de la liste (cliquer ci-dessus pour voir un tableau réalisé jadis).
Lorsque j'ai découvert ceci voici environ 20 ans, j'ai d'abord été étonné de n'en trouver mention nulle part, tant il m'avait semblé aller de soi d'additionner ces âges. Mes investigations m'ont mené à comparer la liste biblique à la liste des règnes des rois de Sumer, offrant de nombreux points communs, règnes très longs avant le Déluge, décroissant ensuite jusqu'à des périodes raisonnables.
Il semble évident que le Pentateuque, écrit pendant le long exil des Hébreux en Assyrie, contient de nombreux emprunts aux us et croyances babyloniens, et l'article précité suit cette optique, interprétant les 12600 ans des patriarches selon la base 60 de la numération babylonienne.
L'article diverge ensuite de mon étude, qui a débuté par le constat que l'âge le plus "babylonien" de la liste est les 600 ans de Sem, premier patriarche après le Déluge, en harmonie immédiate avec les 1200 ans de règne du roi babylonien correspondant.
Or, Sem mis à part, il reste 25 patriarches vivant en tout 12000 ans, soit une moyenne d'exactement 480 ans.
600 et 480, ce sont 5 et 4 fois 120 ans, le dernier âge de la liste, celui de Moïse demeuré dans la tradition juive l'âge idéal que seuls quelques sages auraient ensuite atteint, mais jamais dépassé.
Les nombres 1, 4 et 5 constituent un ensemble symbolique important, particulièrement dans le Pentateuque formé du livre de la Genèse et des 4 livres de l'Exode, la Genèse débutant par la création de l'Eden d'où jaillit une source se partageant en 4 fleuves, l'Exode étant marqué par la disposition en 4 camps des tribus autour du Tabernacle, etc. Bref, je me suis demandé quel était le patriarche approchant au mieux la vie moyenne de 480 ans, et c'est sans hésitation Eber, avec ses 464 ans, 4e patriarche après le Déluge.

Ici débutent les réelles bizarreries, car ces noms Sem et Eber ont en hébreu des valeurs numériques traditionnelles, calculées en additionnant les valeurs des lettres dans le système numéral alphabétique propre à cette langue, et ces valeurs sont 340 et 272, soit 5 et 4 fois 68 (valeur du mot hayim, "vie").
Selon une translittération immédiate dans notre alphabet, les noms originaux hébreux deviennent
- SM = 300+40 = 340
-OBR = 70+2+200 = 272
or, selon la même translittération, les noms hébreux des nombres "cinq" et "quatre" sont HMS et ARBO, et une même transformation permet d'obtenir les noms précédents, en supprimant les lettres initiales, donnant MS et RBO qu'il suffit de lire à rebours pour retrouver SM et OBR, les noms de valeurs en rapport 5/4 des patriarches de vies en rapport 5/4...
...ou presque, mais un approfondissement sortant du cadre de cette brève présentation permettrait de trouver un sens aux exacts 464 ans d'Eber. Je laisse de même de côté toutes les suites données à ces premiers résultats, déjà fort dérangeants à eux seuls puisque l'état actuel de la connaissance voit l'alphabet numéral hébreu copié tardivement, peu avant le début de notre ère, sur la numération grecque équivalente.

Pour une minorité de fondamentalistes juifs, la Tora préexiste à la création du monde, identique à la lettre près au texte accessible aujourd'hui, écrite par Dieu Lui-même dans une Langue Sainte hors de portée de la science des goyim, comme de celle de la majorité raisonnable de leurs coreligionnaires. Malgré de multiples preuves de l'historicité du Pentateuque, quelques forcenés s'acharnent à en démontrer la sacralité grâce à des miracles textuels qui ne sauraient être que d'origine divine, ce qu'illustre par exemple l'affaire du "code biblique", dont un épisode a été l'ahurissante parution dans un journal sérieux de statistiques d'un article "prouvant" que les dates de naissance et de mort des grands rabbins étaient prédites dans la Tora.
Depuis, la question a donné lieu à une controverse acharnée à laquelle ne peuvent prétendre participer que les statisticiens de haut niveau se doublant d'hébraïsants érudits. Le grand public a surtout eu accès aux prédictions sensationnalistes de Michael Drosnin, en perte de crédibilité depuis que les conflits atomiques prévus pour 2000 puis 2004 n'ont pas eu lieu...
Le débat précité n'est cependant pas clos, et les fondamentalistes sont toujours à la recherche de "preuves" indiscutables, que leurs adversaires contesteront avec souvent un dogmatisme comparable, comme si la présence d'éléments "miraculeux" dans un texte pouvait démontrer sa nature divine.
J'ai pour ma part une certaine habitude de ces "miracles", que je rencontre aussi dans des textes résolument profanes, et la récente actualisation des 12600 ans des patriarches m'a poussé à divulguer quelques résultats aisément accessibles à partir du détail de la liste, afin de "prendre date" et d'éviter qu'une première exposition de ces remarquables convergences vienne appuyer des revendications outrancières.

Si mes lectures dans le domaine de la mystique juive ne m'ont apporté aucun écho au thème 5-4 relatif à Sem-Eber, j'ai découvert une curieuse légende unissant ces deux patriarches, apparue dès les premiers midrachim, ou commentaires rabbiniques, des premiers siècles de notre ère: Sem et Eber auraient fondé ensemble une yechiva, une école enseignant la Tora et son interprétation, où ils auraient notamment instruit les Patriarches Abraham, Isaac et Jacob.
Si la Bible ne fournit aucun détail sur Sem ou Eber, hormis leurs généalogies, ces noms se distinguent particulièrement de ceux des autres patriarches postérieurs à Noé et antérieurs à Abraham puisque Sem est à l'origine des Sémites, et Eber (jadis orthographié Héber) des Hébreux. Les noms propres ont toujours un sens immédiat en hébreu, et Sem signifie "nom" (il serait "antinomique" d'être antisémite) et Eber "autre côté" (ce qui est curieux puisque c'est la lecture par "l'autre côté" de Eber qui révèle sa correspondance quaternaire).

Ce billet peut trouver quelques échos avec l'avant-dernier, où il était question d'un livre construit sur les équivalences numériques des lettres N-I-L, épelées à l'envers.
Or la naissance de Moïse est étroitement associée au Nil, et son nom hébreu MSE se lit à l'envers ESM, soit ha-shem, "le nom", renversement du "nom" de son ancêtre Sem qui a vécu 5 fois ses 120 ans. Cette lecture apparaît fréquemment dans l'exégèse juive, car cette exacte formule ha-shem est celle employée couramment pour désigner "Le Nom" que le judaïsme interdit de prononcer, le Tétragramme JEWE, de valeur numérique 26, or Moïse ou MSE, 26e patriarche, est celui auquel Dieu a révélé son nom Tétragramme.
Ci-dessus une toile de 1900 de Maurice Denis, Moïse sauvé des eaux, comme l'a été Sem du Déluge 712 ans plus tôt (selon la lecture rabbinique des données bibliques, qui offrent d'autres possibilités).

Abstract:
Over 20 years ago, Blogruz saw that the lifespans of the 26 patriarchs, from Adam to Moses, add up to exactly 12600 years.
From the list of quite varied ages emerge Sem's 600 years, leaving 12000 years for the 25 other patriarchs, or 25 times 480 years.
600 and 480 are 5 and 4 times 120 years, Moses' lifespan, a model in Jewish tradition.
1-4-5 is a symbolic pattern, essential in the Bible, therefore it seems interesting to find which patriarch's lifespan comes nearest 480 years. That's Eber with 464 years.
Hebrew names of Sem and Eber, transliterated SM and OBR, have according to traditional gematria the values 340 and 272, 5 and 4 times 68 (value for Hebrew hayim, 'life').
Hebrew names for 'five' and 'four' are HMS and ARBO, of which SM and OBR may be similarly obtained (H-MS A-RBO > MS RBO > SM OBR).
There are actually two forms for each number, HMS and HMSE, ARBO and ARBOE. Values of HMSE and ARBO are 353 and 273, and the 600 years of Sem multiplied by 273/353 give almost exactly the 464 years of Eber (precisely 464.02...)
Although nothing of this above appears in Jewish exegesis of the Tora, old midrashic comments associate Sem and Eber, supposed to have run together an academy for teaching Tora.

mardi 1 avril 2008

mon onomom...

Je me suis amusé à réaliser mon portrait onomométrique (voir le billet précédent).
A partir d'un croquis de mon oncle Jean Souverbie, l'académicien, daté du 15 février 70...

Voici donc l'original : Pour la version onomom, j'ai découpé (virtuellement) un rectangle correspondant à mon visage, d'un rapport hauteur/largeur égal au rapport des valeurs numériques de mes nom et prénom (SCHULZ et REMY).
Puis j'ai découpé ce rectangle en 6 bandes horizontales et 4 bandes verticales, déformant chaque bande selon le rapport de la valeur de la lettre correspondante à la moyenne obtenue pour le mot.
Bref, voici le résultat:

à contre-courant

J'ai conté comment le mot "ana" m'a conduit à la cote ANA de ma médiathèque, à lire le roman du turc Ihsan Oktay Anar, à en chercher des commentaires sur la toile, et à ne trouver qu'un douteux écho au Canada, puisque Antoine Tanguay, l'auteur de la chronique Détours et sens uniques, ne semblait pas avoir lu le roman... Cette chronique m'avait néanmoins intéressé, et à mon prochain passage à la médiathèque j'ai cherché les livres qu'elle citait.
Rien de Nicolas Bonnal, mais un Percy Kemp, non Moore le Maure de 2001 cité dans la chronique, mais Le Muezzin de Kit Kat (2004).
Intrigue originale : le muezzin de la mosquée de l'île de Zamalek, au coeur du Caire, appelle tous les croyants monothéistes à une marche vers Jérusalem, ce qui inquiète fort les barbouzes de tout poil, surtout lorsque les problèmes d'intendance de l'entreprise se trouvent résolus grâce à la décision de l'Arabie Saoudite d'accorder aux pèlerins le dixième de ses revenus pétroliers. C'est l'occasion page 224 d'une première curiosité:

Ce 10e des revenus pétroliers représente 666 millions de dollars par mois, or j'avais été surpris par le nombre diabolique 666 mentionné dans la chronique de Tanguay, citant son 2e auteur étudié, Nicolas Bonnal, alors qu'il apparaissait dans le roman d'Anar un curieux code de 666 chiffres... Et voici un autre 666 chez le 3e et dernier auteur étudié dans la chronique, mais pas pour le titre cité, et pour cause puisque le Muezzin n'était pas encore paru.
Cette double coïncidence est assez difficile à évaluer, sans enquête approfondie. Je remarque que l'apparition de 666 chez Kemp est curieuse, résultant d'une démarche inverse de celle présentée. Il est en effet clair que les calculs sont basés sur les 8 milliards par an donnés en dernier; par mois, 8 milliards divisé par 12 donne effectivement 666 millions, en arrondissant; enfin 666 divisé par 30 donne 22, toujours en arrondissant.

Et alors? Le roman de Kemp est divisé en 3 parties de respectivement 12, 9, et 14 chapitres (numérotés de 1 à 35, non titrés), or 12-9-14 correspondent dans l'alphabet aux rangs des lettres L-I-N, soit NIL à l'envers. Kemp, qui écrit en français, indique en page 43 que pour contrôler l'Egypte il faut contrôler le Nil, et que pour contrôler le Nil il faut contrôler Le Caire. Il semble y avoir un autre degré pour son espion de héros, lequel entend contrôler le Caire à partir de "son île" sur le Nil, qu'il appelle la Forteresse, l'île où le muezzin à la voix d'or menace l'équilibre mondial.
Est-ce intentionnel ? Seul Percy Kemp pourrait répondre, toujours est-il que la lecture à rebours L-I-N se justifierait par l'écriture arabe de droite à gauche, et plus particulièrement par la remontée à contre-courant du Nil par le héros, pour éclaircir les mystères autour de la naissance du muezzin à Assiout.

La forme d'une oeuvre codant l'épellation du nom de son sujet, voilà qui a tout pour me séduire. A ma connaissance, la seule utilisation ouvertement revendiquée de ce procédé est le "portrait onomométrique", imaginé par l'OuPeinPo (Ouvroir de Peinture Potentielle), ci-contre le portrait de Raymond Queneau en coordonnées onomométriques réalisé par Stanley Chapman (également membre de l'OuLiPo).
Il pourrait y avoir des exemples antérieurs, en architecture, avec notamment le fameux cas de la forteresse de Khorsabad, dont selon une inscription d'époque le mur aurait eu une longueur correspondant à la valeur du nom du roi Sargon II; en musique avec par exemple les nombres de mesures ou de notes 21 et 38 qui reviennent avec insistance dans l'oeuvre de Bach.
En littérature, j'ai vu des cas qui ont titillé mon attention, comme les 26 chapitres de "Z" (rien à voir avec le film homonyme, c'est un polar des années 30 de JJ Farjeon), mais je ne connaissais jusqu'ici rien approchant cette possibilité du NIL (je précise bien qu'il faut trouver toutes les lettres d'un mot codées numériquement, sinon les valeurs numériques totales ont été diversement utilisées).

Si je ne sais donc rien des intentions effectives de Percy Kemp, je peux témoigner des curieuses circonstances dans lesquelles j'ai entrevu la possibilité du NIL (voir ici pourquoi ce jeu me séduit, en relation avec le "Z" vu plus haut).
Je rappelle que c'est la lecture de la chronique Détours et sens uniques qui m'a amené à chercher des livres de Kemp à la médiathèque, laquelle n'avait en rayons que Le Système Boone, que j'avais emprunté jadis et peu apprécié, et Le Muezzin de Kit Kat, qui m'a aussitôt inspiré un titre alternatif, La Tactique Kit Kat (taktik dans l'autre sens). Et puis j'ai découvert comme relaté plus haut un 666 dans ce livre, résultant d'opérations présentées à contre-courant (et à compte peu courant puisque je me contenterais bien des $666,666 par mois égarés dans l'approximation des calculs).
Mieux, ces opérations font intervenir implicitement le nombre de jours de l'année, or, si 666 a suscité d'innombrables déferlements exégétiques prétendant expliquer la signification de ce "nombre d'homme" dans l'Apocalypse, un nombre plus universellement offert aux supputations diverses est 365, à l'origine du nom d'un dieu, Abraxas, composé par les gnostiques grecs pour offrir cette valeur mythique. Au panthéon solaire a été inscrit aussi le Nil, car son appellation grecque Neilos (Νειλος) présente également la valeur 365. Une autre expression grecque de valeur 365 souvent citée est hagion onoma (αγιον ονομα), "saint nom", qui décidément ramène à l'onomométrie.

Antoine Tanguay achevait sa chronique Détours et sens uniques sur ces phrases:

Soumis aux diktats d’une société régie par un despotisme absurde, les protagonistes des œuvres évoquées ici cherchent un sens interdit, un sens unique qui leur permettrait, ne serait-ce qu’un instant, de percer la mécanique de l’univers qui les entoure. Il ne reste donc, en dernier recours, qu’à s’abîmer dans le rêve.

Le sens le plus immédiatement interdit est l'envers, le revers, et je rappelle que c'est le mot palindrome ANA qui m'a mené au roman d'Anar. Rêver est encore une activité palindrome, qui s'accommode particulièrement bien du rever(s).
Curieusement encore, cet écrivain turc est prénommé Ihsan, comme son personnage principal Ihsan l'Arabe, le rêveur, l'auteur au 17e siècle d'un Atlas des continents brumeux qui est encore le titre du roman d'Anar..., or le vrai prénom du muezzin de Kit Kat est aussi Ihsan, ce qui se révèlera le ressort principal de l'action.

Je suis retourné à la médiathèque où un autre Kemp était disponible, Et le coucou, dans l'arbre, se rit de l'époux (2005, son dernier roman semble-t-il). J'ai d'abord examiné sa structure, 3 parties de 15 chapitres chacune, ce qui ne ressemble pas à un hasard et pourrait étayer l'hypothèse que la structure de son roman précédent était intentionnelle.
Je connais beaucoup de romans pareillement divisés en parties de même nombre de chapitres, par exemple Les Barricades mystérieuses, de Sébastien Lapaque (1998), divisé en 3 parties de 6 chapitres chacune, pour donner un 6-6-6 clairement assumé.
Il me semble plus immédiat de parler de Only Revolutions, de Danielewski, publié en 2006 mais dont une première version a été proposée à un panel de ses lecteurs en 2005. C'est un roman à double lecture et double couverture, de 360 pages de 360 mots chacune, réparti en deux récits (Sam et Hailey) eux-mêmes divisés en 45 sections, lesquelles répètent 3 fois un acrostiche de 15 lettres (Hailey and Sam and... d'une part, Sam and Hailey and... d'autre part).
Ci-contre la première page côté Hailey.
J'avoue avoir été incapable d'accrocher à ce texte, du moins à la version française que j'ai seule eue entre les mains. Une autre de ses particularités est que tous les 'o' du livre sont imprimés en couleur, en vert côté Hailey, en or côté Sam. Je me suis dit que 'o' était la 15e lettre, et que donc 3 'o' donnaient la valeur 45, or il y avait 3 'o' dans le titre.
Si cette remarque peut avoir une certaine pertinence vis-à-vis de Danielewski, elle ne concerne a priori en rien le roman de Kemp où la lettre 'o' n'est en rien distinguée des autres, cependant il y a également 3 'o' dans son titre... Sans doute faudrait-il connaître tous les romans de 3 fois 15 sections ou chapitres parus en 2005-6 pour apprécier la coïncidence, mais je rappelle que c'est l'idée, exprimée dans la chronique de Tanguay, de 666 correspondant à 3 'o' (ou 3 waw hébraïques), qui m'a amené aux romans de Kemp.

L'un des membres de l'Oupeinpo est Olivier O. Olivier, qui signe OOO !

Note ultérieure : j'oubliais que DaNIeLewski est aussi l'auteur de House Of Leaves, dont il code l'acronyme HOL par le numéro 081512 d'un document annexe (08-15-12 rangs des lettres H-O-L, de somme 35 comme NIL).

Queneau, onomométré plus haut, a aussi produit plusieurs romans structurés très rigoureusement, tel son premier, Le Chiendent, divisé en 7 parties de 13 sections chacune. Le beau livre Oupeinpo Du potentiel dans l'art (Seuil 2005) donne quelques autres portraits onomométriques, dont celui de cet autre oulipien, Harry Mathews, vu par Thieri Foulc.
Mathews a publié en 1986 Le Verger, suite de Je Me Souviens se rapportant tous à Perec. J'ignore si c'est voulu, mais le nombre de ces Je Me Souviens, non numérotés, est 123, ce qui correspond à la valeur de Georges Perec (76+47).

Si Georges Perec = 123, Kemp = 45, mais je n'ai pas plus vu dans les 45 chapitres de Et le coucou... d'indice soulignant ces possibilités que dans les 123 Je Me Souviens du Verger.

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PS. Les deux seuls portraits onomométriques d'écrivains donnés dans Oupeinpo sont ceux de Queneau et de Mathews, les autres exemples concernant des peintres. Je me suis avisé que les valeurs numériques complètes des deux auteurs donnent le total 333:
RAYMOND QUENEAU HARRY MATHEWS = 90+84+70+89 = 333
Si, comme l'a fait Stanley Chapman, on prend soin d'inscrire deux fois les noms et prénoms traités, on obtient le fatidique 666.
Queneau et Mathews ont un point commun très particulier : ce sont les seuls auteurs qui figurent au Cahier des charges de La Vie mode d'emploi à la fois dans les catégories citations d'auteurs et allusions livresques.
Dans un commentaire quelque peu nébuleux, Perec suggère avoir supprimé le chapitre originellement numéroté 66 de La Vie mode d'emploi parce que 6 est le chiffre du diable. Des éléments de ce chapitre perdu semblent apparaître au chapitre 65 où il est question des Diables de l'Enfer, au nombre de "6 légions comprenant chacune 66 cohortes comprenant chacune 666 compagnies comprenant chacune 6666 Diables."