mercredi 21 mai 2008

fahrenheit 8/13

Le 2 mai dernier, j'ai emprunté tous les livres sur Truffaut disponibles à la médiathèque de Digne, en vue d'écrire les billets précédents.
Je suis bien incapable d'expliquer ce qui, rayon Romans, m'a conduit à remarquer le titre Rendez-vous au bord d'une ombre et à sortir le livre du rayon pour examiner la quat' de couv'.
Toujours est-il que j'y apprends que
au travers de cette insolite histoire d'amour, des nombres inoffensifs sont subrepticement mis à l'oeuvre : qu'ils rythment la vie, révèlent la magie des êtres, façonnent la technologie ou symbolisent les disparus, ils taraudent inflexiblement le lecteur.

Ce bord d'une ombre est donc aussi bord du nombre, ce qui m'interpelle puisque j'ai eu l'occcasion récente de suggérer une possibilité du Nil à propos du Muezzin de Kitkat, autre découverte due à une bonne part de hasard dans les rayons de la médiathèque, avec à l'origine ma curiosité de ce que j'allais trouver à la cote ANA.
Il s'agit ici de la cote TEN, 10 en anglais, or le roman de Tenenbaum a la particularité de commencer par un chapitre intitulé DIX, en capitales, suivi de 10 autres chapitres intitulés de NEUF à ZERO.
Je connais un autre livre dont le premier chapitre est intitulé Dix, et même Ten dans sa langue originale, Ten Indians de Madison Smartt Bell, ce chapitre étant disponible en ligne ici. Ses chapitres suivants sont intitulés de Neuf à Un. Le titre parodie le "politiquement correct" américain, en vertu duquel le roman d'Agatha Christie Dix petits Nègres (Ten Little Niggers en Angleterre) est paru aux USA sous trois autres titres, d'abord And then there were none, le dernier vers de la comptine des Nègres, gardée inchangée, puis Ten Little Indians, avec les adaptations textuelles internes nécessaires, et enfin, certains Native Americans s'étant jugés dépréciés, actuellement Ten Little Soldiers, le texte étant révisé en conséquence...
Les Dix Indiens du roman de Bell sont des jeunes noirs de Baltimore, engagés dans une guerre de gangs qui fait une victime à chaque chapitre.
Le roman de Tenenbaum a aussi un côté ethnique, écrit par un Juif essentiellement pour d'autres Juifs, de nombreux mots ou concepts spécifiques n'étant pas traduits ou explicités.
Tenenbaum est encore chercheur en maths, et je ne tarde pas à identifier la contrainte numérique structurant son livre: les 26 premiers nombres premiers y apparaissent successivement, en ordre décroissant depuis 101 dans le chapitre 10 jusqu'à 7, 5, 3, 2 dans le chapitre 0; avec quelques rééquilibrages aux chapitres 9-8-7, les nombres premiers de chaque dizaine apparaissent dans les chapitres correspondants.
Resterait à comprendre le pourquoi de la chose, ce à quoi je ne me risquerai pas (en remarquant cependant que, 1 étant dans la théorie des nombres un être à part, ni premier ni composé, il y a ainsi 26 nombres premiers parmi les 100 premiers nombres de 2 à 101, or 26 a une signification particulière dans le judaïsme, évoquée ici).

J'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser à l'intrigue, obnubilé par le rôle des nombres premiers, et ai dû reprendre le roman ensuite. La journaliste Paula Goldmann, narratrice, débute une aventure chapitre CINQ avec le cinéaste Pavel Stein, 59 ans, qui aurait perdu 53 membres de sa famille pendant l'holocauste.
Stein vient de présenter son 19e film, Les 120 jours de Sodome, allégorie biblique sans rapport avec le dernier Pasolini; son prochain projet est un remake de Fahrenheit 451, tiens donc...
Stein a dans l'idée d'aller plus loin que Truffaut, et de permettre aux hommes-livres, ceux qui conservent dans leurs mémoires les livres qu'une dictature a condamnés au bûcher, de modifier les textes dont ils sont les dépositaires, "avec, en toile de fond, l'idée qu'une oeuvre n'appartient à personne en propre."
Voici qui me fait réagir, car j'ai eu très récemment une nouvelle démonstration du peu de cas dont il est fait des créateurs, et ce précisément à propos du film de Truffaut

Je savais déjà que même la version française du film ne respectait pas la version originale, tournée en anglais, où je m'intéresse particulièrement à la question de Clarisse à Montag, à propos du numéro de sa brigade: "Pourquoi 451, plutôt que 813 ou 121 ?"
J'ai traduit littéralement ce qu'on peut entendre ici, Why 451 rather than 813 or 121?, mais la version sous-titrée rend cette réplique ainsi: "Pourquoi 451, et pas 813 ou ..."
tandis que la version doublée en français énonce : "Pourquoi ce nombre plutôt que 813 ou n'importe lequel ?"
L'omission de "121" n'est pas anodine car il s'agit d'une allusion au Manifeste des 121 contre la guerre d'Algérie, signé en 1960 par Truffaut et d'autres personnalités, ce qui valut dans un premier temps aux signataires d'être placés sur une liste rouge culturelle, l'équivalent d'un autodafé (une amnistie fut accordée en 61). Truffaut n'a sûrement pas réservé au public anglophone cette allusion qui devait lui être impénétrable, et voici qu'elle est omise pour ceux à qui elle s'adressait...

Lors de mes recherches sur Truffaut au début du mois, j'ai découvert que la version doublée en espagnol de Fahrenheit 451 était entièrement visionnable sur YouTube, et j'ai sauté immédiatement sur l'épisode (retiré depuis suite à une plainte de NBC Universal) de la rencontre entre Montag et Clarisse, curieux de savoir si "121" était mentionné, et je me suis aperçu que non seulement il avait disparu, comme dans la version française, mais que le début de la réplique était : "¿ 4-5-1 ? ¿ porqué no 7-2-3 ?"
Je ne peux vérifier sa fin exacte, le film n'étant plus visible, mais suis absolument certain d'avoir entendu siete-dos-tres, 723, parfaitement distinct du "bloc 813", ocho-un-tres, mentionné quelques instants plus tôt.
Aberrant, et la traduction (¿?) est une vraie trahison puisque, quelle qu'ait été la signification du nombre 813 pour Truffaut, sa présence dans au moins 10 films témoigne de son importance, privilégiée ici par rapport à 121.

Ceci me semble proche du cas des Nègres bannis du roman d'Agatha Christie, parce que la thématique noir/blanc y est essentielle, les Indiens ou Soldats donnant lieu à diverses incongruités.
Notamment pour les cinéphiles, les Nègres n'ayant jamais été admis dans les salles obscures, et j'en ai eu un nouvel écho il y a quelques jours (le 18 mai). Je suis membre de l'association polar 813, et de sa liste de discussion, où une listière signalait avoir vu l'adaptation 1974 de Dix petits Nègres, réalisation allemande avec une distribution internationale (Ein Unbekannter rechnet ab). Si le film a été distribué en France sous le titre Dix petits Nègres (Diez Negritos en Espagne), les impératifs de production ont imposé de réutiliser la variante indienne de la comptine, ce qui donne lieu à un couac lorsque Aznavour, l'un des dix "Nègres", se met au piano pour interpréter la comptine des Nègres et chante en anglais Ten little Indians...
Fahrenheit 451 n'a été tourné qu'en 66, alors que le scénario était prêt dès l'été 62, et un tournage envisagé début 63 en français avec précisément Aznavour dans le rôle principal, mais il y a eu des problèmes de financement, et la production est passée aux mains des Américains qui ont exigé une star plus internationale...
Bref, les Espagnols n'ont pas été loin d'avoir les couacs 813-723 et Negritos-Indians par l'entremise du seul Aznav' (avant d'être livrés au seul Aznar).
Un hasard n'arrive jamais seul, paraît-il, et je suis éberlué devant la ténuité des hasards de ce mois:
- découverte du livre de Tenenbaum, alors qu'il était depuis 2002 en rayon à la médiathèque;
- découverte de la version espagnole de Fahrenheit 451, quelques jours avant qu'elle soit retirée de YouTube (je précise que je ne connais aucune autre version du film);
- message de la colistière de 813.

Retournant sur YouTube après une première mise en ligne de ce billet, j'y découvre la scène fatidique en italien, avec la réplique convenablement traduite (temps 2'35": otto cento tredici, 813, puis cento venti uno, 121).

Puisque mes deux derniers billets huit avec... ...treize ont été publiés les 8 et 13 mai, et que le 21 était proche, il m'a paru s'imposer de dater ce message du 8+13 = 21, et le 21 venu je constate que c'est ce jour qu'est programmé la première diffusion sur une chaîne publique du film de Michael Moore, au titre évidemment calqué sur celui de Truffaut.
J'avais choisi de commencer les deux messages à 08:13, heure californienne, et je vais laisser au hasard le soin de décider de l'heure inscrite ci-dessous en débutant ce billet à l'instant exact où commencera Fahrenheit 9/11, programmé à 22h40 (ce sera 22h48, soit 13:48 heure californienne).

mardi 13 mai 2008

...treize

J'ai exploré dans le billet précédent les occurrences du nombre 813 dans 4 films consécutifs de Truffaut (du tandem de réalisateurs-scénaristes Truffaut-Richard pour être exact), de 63 à 67, en prenant pour hypothèse que ce nombre corresponde pour Truffaut au 8/13, le 13 août anglo-saxon, anniversaire de Hitchcock (sans oublier la référence avouée au roman "813").
Dans les 12 films suivants, les citations 813 sont plus discrètes, et ne concernent que 3 films à ma connaissance, puis c'est un retour en force en 80 dans Le dernier métro, avec 3 occurrences distinctes, et à nouveau des 813 dans les 2 films suivants, les derniers.
Hitchcock est mort le 29 avril 80, juste après le tournage du Dernier métro, mais Truffaut était aux premières loges pour connaître l'état de celui qui fut son maître à filmer, et prévoir qu'il serait disparu à la sortie du film. Il y aurait matière à présumer que ces derniers 813 soient des hommages posthumes, les premiers des signes d'allégeance, les intermédiaires des gages de fidélité.
Mais je ne vais parler ici que du dernier film, Vivement dimanche !, où la théorie est dépassée par une formidable convergence de coïncidences, marquant tragiquement ce dernier film, alors que l'encore jeune cinéaste avait plein de projets dans ses cartons.

Il faut d'abord préciser que le choix de cette adaptation d'une Série Noire, 10 ans après le polar précédent de Truffaut, Une belle fille comme moi (72), est une idée de sa collaboratrice Suzanne Schiffman, qu'il a acceptée sans relire le roman, dont il avait jadis envisagé une adaptation pour Jeanne Moreau. Truffaut s'est repenti ensuite de ce choix trop rapide, car le roman était difficile à adapter, ce qui obligea à modifier considérablement son intrigue.
A-t-il su que son auteur, Charles Williams, était un natif du 8/13 ? Du 13 août 1909, 10 ans exactement après la naissance de Hitch.
Son roman The Long Saturday Night est paru en 1962 aux USA, l'année des entretiens Hitch-Truff ayant débuté le 13 août, et l'année suivante en France sous le titre Vivement dimanche ! et le numéro 816 de la Série Noire (pas loin du 813, Le grand plongeon).
Le film tourné fin 82 a été achevé de monter en mai 83. Je ne sais si Truffaut a eu une part dans la décision très inhabituelle de sortir le film au milieu de l'été, toujours est-il qu'il est sorti en salle le mercredi 10 août, la semaine du 8/13...
C'est, selon les propres mots du réalisateur,
un film qui appartient à la tradition de la comédie policière... Disons un "film du samedi soir" conçu pour faire plaisir. Aucune intention cachée...
Est-ce si sûr, lorsque ce "film du samedi soir" a pour titre Vivement dimanche ! ? Et surtout lorsqu'il appert que le premier samedi où le public a pu voir ce film était le 13 août ?
De l'année 1983, qui plus est, la seule année comprenant les chiffres 1-3-8 où Truffaut pouvait raisonnablement sortir un film (la prochaine sera en 2138). Et ce film sorti en 83 se passe à Hyères, dans le 83 (on voit ci-contre le numéro de la voiture à l'affiche du film).
Et puis, à quelques heures du 8/13 fatidique, au cours d'un dîner le 12 août avec des amis dans la villa normande où Truffaut s'est installé pour travailler sur ses prochains films, il est pris d'un malaise, avec "l'impression qu'un pétard a explosé dans sa tête". C'est la première manifestation d'une tumeur au cerveau, qui l'emportera 14 mois plus tard, le 21 octobre 84.
Par un bouclage tragique, cette villa de Vasouy où Truffaut a passé une très pénible nuit du 12 au 13 août se situe à quelques centaines de mètres du lieu de tournage de l'avant-dernier plan des 400 coups, la rive gauche de l'estuaire de la Seine. Je dois cette info au commentaire de Robert Lachenay donné dans le DVD MK2 (le dernier plan se situerait, toujours selon lui, sur la plage de Villers, 20 km plus loin, magie du cinéma puisque la course qui a mené Antoine Doinel à Vasouy est partie du moulin d'Andé, à plus de 100 km).

J'en viens au contenu de Vivement dimanche !, et donc à ce qui relève plus immédiatement des intentions de Truffaut.
Il faut d'abord souligner qu'il s'agit de son plus pur polar, avec des crimes, une enquête, des rebondissements, la révélation finale du coupable, et ce sur une thématique très hitchcockienne : un homme que tout accuse de plusieurs crimes choisit de se soustraire aux représentants de la Loi pour mener l'enquête lui-même, avec l'aide d'une femme. Si c'est un sujet maintes fois traité (au mieux peut-être par William Irish), 4 films au moins de Hitch l'illustrent (Jeune et innocent, Le grand alibi, La Mort aux trousses, Frenzy).
La citation 813 apparaît dès le premier dialogue du film, où Barbara (Fanny Ardant) reçoit un appel de la femme de son patron, demandant que celui-ci lui expédie un carnet de chèques à l'hôtel Garibaldi, chambre 813.
Il sera ensuite question à plusieurs reprises de cette chambre 813, jusqu'à ce que Barbara s'y rende pour enquêter, et y tombe sur le détective privé Lablache. Truffaut savait-il qu'en cette même année 82 était paru un Mystère de la chambre 813, signé William Irish, bien que l'auteur de La Mariée était en noir et de La Sirène du Mississipi n'ait jamais rien écrit sur une chambre 813 ? Je reviendrai sur cette question dans un billet ultérieur, mais il me semble que Truffaut n'avait nul besoin de cela pour saisir l'occasion de satisfaire sa manie, attendu qu'il avait déjà fourré au moins 3 autres chambres 813 dans ses films antérieurs.
Mieux, il s'est amusé à parodier sa première citation 813, dans La peau douce (64), où le désir s'éveille dans l'ascenseur entre Nicole montant vers sa chambre 813 et Pierre, leurs mains se frôlant sur les touches des étages 8 et 3. Ici l'ascenseur emmène Barbara vers la chambre 813 en compagnie d'un étrange individu dont les poches débordent de sous-vêtements féminins...
Les deux scènes sont en noir et blanc. S'il était commun de filmer en NB en 63, c'est devenu dans les années 80 une hérésie, et Truffaut a eu du mal à faire accepter sa volonté aux chaînes de TV coproductrices. De fait, entre La peau douce et Vivement dimanche !, il n'a tourné qu'un seul film NB, L'enfant sauvage en 69. Et ce film "passéiste" se déroule explicitement à Hyères (hïer, s'il faut mettre les points sur le i), et y a été effectivement tourné...

Le détective Lablache... Une blache est une chênaie en Provence, or le patron de l'agence Dubly qui a conseillé Truffaut pour l'agence Blady de Baisers volés se nommait Albert Duchenne. Truffaut a également utilisé ses services pour découvrir son vrai père, Roland Lévy (alors que son père adoptif était Roland Truffaut...) Sous les chênes provençaux poussent volontiers les truffes...
Il a été remarqué la grande analogie des situations de Lucas Steiner dans Le dernier métro, contraint de se cacher 813 jours et 813 nuits dans la cave de son théâtre, qu'il continue néanmoins à diriger par l'intermédiaire de sa femme, et de Julien Vercel dans Vivement dimanche !, caché dans son arrière-boutique, prétendant diriger l'enquête de sa secrétaire.
Truffaut avait été frappé d'apprendre que son géniteur était juif, et que c'était sans doute la raison qui avait empêché son admission dans la famille de sa mère, proche de l'Action Française. L'identité des prénoms des pères réel et adoptif est peut-être à rapprocher de celle unissant JULIEN DaVEnne, personnage joué par Truffaut dans La chambre verte, et JULIEN VErcel, dont ces premières lettres capitales ont pour anagramme L'ENJUIVÉ, ignoble mot proféré par Daxiat dans Le dernier métro.

Le mystère de la chambre 813 est assez vite éclairci : Mon Amour et Le Capitaine sont des chevaux, son occupante Marie-Christine y jouait aux courses.
Ce turf dans la chambre 813 m'évoque l'unique tiercé 8-1-3 joué en 70 par Truffaut pour pouvoir se payer les droits de Une belle fille comme moi, mais le tiercé gagnant fut 4-5-1. Truffaut a donné pour raison de son choix son admiration pour "813" de Leblanc, mais il apparaît encore ici un écho au film clé Marnie, où il y a une scène, peut-être unique chez Hitchcock, sur un champ de courses. Après la 3e course, Marnie conseille à Mark de miser sur Telepathy, le dossard 8, qui l'emportera effectivement.
Ce seront quelques mots sur Telepathy échappés à Marnie qui permettront à Mark de la retrouver sous sa véritable identité, après le cambriolage du coffre-fort. Le détective Lablache découvrira que la turfiste de la chambre 813 avait aussi plusieurs identités, son vrai nom étant Josiane Kerbel (à remarquer la ressemblance avec Vercel, son nom après son mariage, alors que les deux pères de Truffaut se prénommaient tous deux Roland).

Tous ces éléments - les paris dans une chambre d'hôtel, l'innocent caché dans l'arrière-boutique de son agence, sa secrétaire menant l'enquête à sa place, le détective privé - figuraient dans le roman de Charles Williams, bien que certains aient été accentués dans le film, où notamment une plus grande part d'initiative est accordée à Barbara, ce dont Julien ne pourra que se féliciter. Ainsi le choix de cette adaptation - initiative de la "secrétaire" de Truffaut - ne semble pas avoir été si mauvais, mais il ne faut pas oublier qu'il s'agissait d'un vieux projet de Truffaut lui-même, lequel devait avoir perçu les potentialités du roman.

813 n'est pas le seul élément récurrent dans la filmographie truffaldienne, on peut aussi citer les chats, la tour Eiffel, l'aérotrain, etc., et Massoulier.
Le nom de Massoulier est mentionné dans plusieurs films, mais toujours par ouï-dire, on ne le voit jamais. Or Vivement dimanche ! débute par la mort d'un homme recevant une balle en pleine tête, on apprend ensuite qu'il s'agit de Jacques Massoulier. Si Truffaut a dérogé ici à une de ses règles fantaisistes, Vivement dimanche ! marque la fin du tic Massoulier, comme de tous les autres tics, hélas.

Il me semble important de souligner que Jean-Louis Richard est acteur à part entière dans Vivement dimanche !, de même que dans Le dernier métro. S'il est absent physiquement de La femme d'à côté, une de ses scènes est tournée dans sa propriété du Var (le 83, tandis que le reste du film est tourné près de Grenoble, dans le 38). Je constate la constante présence de Richard dans les deux périodes 63-67 et 80-83, où 813 apparaît dans chaque film, alors qu'il n'est semble-t-il associé qu'à un seul autre film de la période intermédiaire, La nuit américaine.

Avant de pouvoir bâtir une hypothèse sur les 813 intermédiaires, il faudrait en connaître la liste exacte, ce qui reste incertain tant les citations peuvent être discrètes et fugitives. Je vais terminer avec un cas déjà cité sur ma page dédiée aux cas 813, le numéro du visa d'exploitation de L'enfant sauvage.
Ce numéro 30081 est donc une permutation circulaire de 00813, avec une curiosité remarquable : 30081 est divisible par 813, de même que l'autre permutation non triviale 13008.
30081 = 813 x 37 donc, or Truffaut, maniaque du 813 qui a notamment utilisé la combinaison 381-813 dans deux films antérieurs, s'est pour la première fois donné un rôle important dans L'enfant sauvage, tourné à l'été 69, où on le voit donc âgé de 37 ans.
J'avais mentionné ce cas en tant qu'évident hasard, et puis j'ai eu l'occasion de consulter une liste des films de Truffaut mentionnant leurs numéros de visas, où L'enfant sauvage apparaît comme une anomalie flagrante. Pour tous les autres films, les numéros croissent en corrélation avec les dates de sortie, sauf celui de L'enfant sauvage (70, 30081) qui se situe entre La peau douce (64, 28067) et Fahrenheit 451 (66, 32282).
J'ai pensé à une erreur, volontaire ou non, mais le site du CNC semble confirmer cette attribution. Il permet diverses recherches sur les visas d'exploitation, et j'ai regardé ce qui se passait autour du 30081 :

30079 GOLDFINGER attribué le 01/02/1965 , sortie en salle le 17/02/1965
30080 ESPIONNAGE A BANGKOK POUR U 92 attribué le 19/07/1965 , sortie en salle le 02/08/1965
30082 LE SCHTROUMPF CET INCONNU attribué le 12/12/1966, sortie en salle le 6/12/1966
30083 LE VOLEUR DE SCHTROUMPFS attribué le 20/06/1966, sortie en salle le 12/07/1966
Les numéros 30078 et 30084 ne sont pas attribués, mais tous les films ne sont pas recensés sur ce site.

Difficile d'en tirer grand-chose, sinon que ces numéros ne sont pas attribués selon une stricte chonologie séquentielle, et qu'il semble se dessiner des rapprochements thématiques, mais d'ici à comprendre pourquoi L'enfant sauvage devrait s'insérer entre un film d'espionnage et Le schtroumpf cet inconnu...
Il ne me semble pas absurde d'imaginer que Truffaut ait pu se faire attribuer un numéro inutilisé, grâce à des complicités au sein de la Commission.

Le site permet d'avoir des listes par réalisateurs. J'ai regardé Godard, Lelouch, Rohmer. Une seule anomalie chronologique, pour les Contes des quatre saisons du dernier, qui ont donc ces numéros :
69451, Conte de printemps, sorti en 90
69707, Conte d'été, sorti en 96
69708, Conte d'automne, sorti en 98
69709, Conte d'hiver, sorti en 91
Je remarque surtout que la Commission a eu à coeur de restituer la séquence usuelle des saisons, que Rohmer n'avait pas respectée.

Une dernière curiosité, à propos de la date inhabituelle de sortie de Vivement dimanche !, en pleines vacances. Le site IMDb permet de faire des recherches par date de sortie en salles, et j'ai essayé le 8/13, le 13 août. Eh bien le seul film sorti un 13 août qui ait fait carrière est Bonnie and Clyde, sorti aux USA le 8/13/67, probablement parce que ses distributeurs ne croyaient pas du tout à son succès. Or mes lectures intensives truffaldiennes m'ont appris que c'était un film auquel Truffaut avait été étroitement associé, à la réalisation qu'il a effectivement dirigée pendant quelques semaines en 65, avant d'abandonner tant la communication était difficile avec les Américains, au scénario qu'il a remanié à cette occasion, et même à l'interprétation, le producteur Warren Beatty lui ayant proposé le rôle de Clyde.

Pour ces études truffaldiennes ont été consultées diverses sources, notamment:
- Carole Le Berre, Truffaut au travail
- Dominique Rabourdin, Truffaut par Truffaut
- Antoine de Baecque et Serge Toubiana, François Truffaut
Remerciements à Roland Brasseur pour son aide.

jeudi 8 mai 2008

huit avec...

Retour sur la récurrence du nombre 813 dans les films de Truffaut, avec une hypothèse sur l'origine de ce tic.
S'il est impossible d'être totalement affirmatif, les premiers films et courts-métrages antérieurs à 63 ne semblent contenir aucun 813, alors que le nombre est immédiat dans les 4 films suivants, de La Peau douce tourné en 63, à La Mariée était en noir (67), ce qui correspond exactement à la "période hitchcockienne" de Truffaut, selon de Baecque et Toubiana. Ces 4 films ont en commun la participation de Jean-Louis Richard aux scénarios, pour l'écriture desquels les deux amis commençaient, pour se mettre en condition, par regarder un Hitchcock le matin.
J'ai imaginé une possible relation du tic 813 avec Hitchcock depuis que je sais que le maître à filmer de Truffaut est né un 13 août, jour noté 8/13 aux USA, et une curiosité vient étayer cette hypothèse. En 62, Truffaut qui avait eu l'occasion de rencontrer Hitch à diverses reprises, lui a soumis son idée d'un livre d'entretiens, destiné à mettre en valeur son travail, encore jugé de second ordre aux USA. Hitch accepta, et lui donna pour date de début de leurs entretiens le 13 août 62, jour de son 63e anniversaire.
Et c'est le 8/13 que Truffaut a débarqué à Los Angeles avec sa traductrice, pour dîner le soir même chez les Hitch, où son anniversaire devait être fêté. Les entretiens proprement dits ont débuté le lendemain, donnant lieu au livre de cinéma le plus vendu dans le monde, composé sans hâte excessive puisqu'il est paru 4 ans plus tard.
Toujours est-il que Truffaut, non anglophone, n'a pu manquer alors d'apprendre que le 13 août était un 8/13, ce qui a pu faire tilt s'il vouait un culte, comme il le disait, au roman de Maurice Leblanc, d'autant qu'il n'est pas impossible que Leblanc eût lui-même utilisé ce jeu dans "813" où on trouve ceci (chapitre La grande combinaison de Lupin):
Les dates sont très rares dans le roman, et celle-ci était absente lors de sa première publication en feuilleton, d'où il est envisageable que Leblanc ait introduit délibérément cette finesse, sans nécessairement penser à la forme anglaise 8/13 (l'article annonce l'intervention d'Herlock Sholmès), puisque ce sont les chiffres 1-3-8 composant 813 qui importent dans la résolution de l'énigme, et non le nombre lui-même.
Toutefois la forme 8/13 peut amener à découvrir une rare curiosité calendaire, unique à vrai dire : cette forme est identique à la fraction 8/13, or les 8/13es d'une année normale de 365 jours tombent aux 8/13es du 8/13 !!!
En effet le 13 août est le 225e jour de l'année, les 224 précédents équivalent à 8 fois 28, les 140 suivants à 5 fois 28, la somme 364 à 13 fois 28, donc 8/13es de 365 tombent aux 8/13es du 8/13 (soit vers 15 heures), et le bon sens souffle que cette curiosité est unique (ce qui se vérifie aisément).

Si je ne peux certifier que Truffaut l'ait connue, elle s'accorderait parfaitement au point troublant ayant motivé mon premier billet sur lui, l'apparition dans 3 cas de la citation 813 vers la section d'or du film, sans autre indice d'une construction d'or. Or vers la section d'or (0.618), c'est aussi vers les 8/13es (0.615, à 16 secondes de la section d'or idéale pour un film de 90 minutes), et il y a donc une interprétation alternative pour tout élément semblant significatif dans cette zone.
Le cas de La Mariée était en noir entre particulièrement dans ce schéma. La citation 813 intervient donc vers les 8/13es du film, et les deux éléments significatifs 8 et 13 sont cités de part et d'autre du vol 813 emprunté par la justicière. Ce film est une adapation de William Irish, également adapté par Hitch (Fenêtre sur cour, 1954), et sa musique est de Bernard Herrmann, longtemps compositeur attitré de Hitch.

Il en va de même pour Mata-Hari agent H 21, dont le générique crédite Truffaut pour le scénario et Jean-Louis Richard pour la réalisation, mais je suppose que ces deux proches amis se sont partagés les rôles, comme ils l'ont fait pour d'autres films de cette "période hitchcockienne", réalisés par Truffaut. Toujours est-il qu'il y a une forte ressemblance entre la scène de l'ouverture d'un coffre-fort par Mata-Hari et une scène très proche de Pas de printemps pour Marnie, où Marnie sous le nom de Mary Taylor n'a aucune difficulté à ouvrir le coffre dont le responsable a sans cesse besoin d'aller consulter la combinaison, au vu de tous les employés, dans un tiroir fermant par une clé ordinaire...
Ce document n'est pas un simple pense-bête, il semble plutôt conçu pour aider le cambrioleur le moins fûté, ou mieux encore pour faciliter la compréhension du spectateur, puisque c'est d'abord de cela qu'il est question pour le metteur en scène.
J'ai cru voir un écho ironique dans la scène très proche où Mata-Hari emprunte la clé du coffre à visiter en assommant son détenteur, un colonel sensible à ses charmes. Son réseau lui avait préalablement fourni la combinaison du coffre, inutilement puisque la combinaison est gravée sur la clé !
Si la référence à Marnie me semble toujours valide, d'autant que les deux scènes sont ponctuées de purs artifices de suspense très voisins (l'irruption dans les deux cas d'un intrus qui pourrait découvrir la voleuse en flagrant délit), le film de Hitchcock est sorti en France en novembre 64 (juillet 64 aux USA), alors que Mata-Hari, tourné en septembre-octobre, était en cours de montage. La relation privilégiée Hitch-Truff expliquerait aisément que Truffaut ait eu en mains très tôt le scénario de Marnie, mais peut-on pousser ce "très tôt" jusqu'au printemps 63 où Truffaut-Richard ont écrit le scénario de Mata-Hari ?
Les choses se corsent en examinant les noms des héroïnes, Margaret (Marnie) Edgar dont le premier pseudo connu est Marion Holland, tandis que la prétendue Javanaise Mata Hari cache la pure Hollandaise Margaretha Zelle. Mary Taylor, identité sous laquelle Marnie entre ensuite dans l'entreprise Rutland où se passeront les deux scènes de viol du coffre, offre peut-être encore plus de ressemblances avec Mata-Hari.
Tous les prénoms de Marnie débutent par la lettre M, 13e de l'alphabet, tandis que la lettre H, 8e, apparaît dans Holland, Heilbron, et... Hitchcock Himself.
Le film lui-même est en VO Hitchcock's Marnie, HM, et il marque pour les spécialistes l'apogée de l'art du maître, malgré une mauvaise réception à sa sortie. On a appris ensuite ses conditions très particulières de tournage, Hitch, 64 ans, étant tombé fou amoureux de son actrice sur le point d'épouser son agent (pas H21).
Le vertige H/M, ou 8/13, continue avec les noms des actrices incarnant Marion Holland et Mata-Hari, Hedren et Moreau... Il semble difficile d'imaginer une intention ici puisque Jeanne Moreau avait déjà été pressentie plusieurs années plus tôt pour une autre adaptation de l'affaire Mata-Hari.
Curieusement, les Films du Carrosse, et à travers eux Truffaut au premier chef, ont été poursuivis pour plagiat du scénario de ce premier projet, et condamnés à verser une somme substantielle à la partie plaignante. Je serais curieux de savoir si les motifs ayant motivé cette décision étaient plus flagrants que les ressemblances entre les scènes d'ouvertures des coffres par Mary Taylor et Mata-Hari, Margaret et Margaretha.
Par ailleurs Truffaut avait, bien avant Marnie et Mata-Hari, un sentiment pour Jeanne Moreau déjà apparue dans Les 400 coups, puis vedette de Jules et Jim, sentiment payé de retour et plutôt habituel dans sa carrière, alors que le démon de treize heures qui a saisi Hitch lors du tournage de Marnie semble exceptionnel.
C'est Jeanne Moreau qui fit connaître à Truffaut Jean-Louis Richard, son premier mari, et les deux hommes se sont si bien entendus, à la manière de Jules et Jim mari et amant de Catherine jouée par Moreau, qu'ils ont été pratiquement inséparables durant cette "période hitchcockienne".

Il faudrait pour considérer rationnellement ce qui va suivre pouvoir répondre affirmativement au moins à la seconde de ces questions:
La combinaison 381 813 apparaissait-elle dès le premier scénario de Mata-Hari écrit au printemps 63, avant celui de La Peau douce où apparaîtra la première citation 813 "officielle" ?
Lors du choix de cette combinaison, Truffaut connaissait-il le scénario de Marnie, du moins le script de la scène de l'ouverture du coffre ?

Admettre ce dernier point ouvre vers de vertigineuses hypothèses.
Si ce n'est pas explicite dans le film, Hitchcock a dit sans ambiguïté qu'il entendait faire comprendre à son public que Mark Rutland engageait Mary Taylor parce qu'il avait reconnu en elle la voleuse Marion Holland, et qu'il la désirait pour cette raison. Rut-land et Hol-land, nous sommes en pays de connaissance, biblique (rut a le même sens en anglais qu'en français), sainte (holy), féminine (hole, "trou"), ou cinématographique (Hollywood).
J'ai vu dans l'épisode du soldat venant mettre à l'heure l'horloge murale à côté du coffre que Mata-Hari est en train d'ouvrir une allusion probable au "813" de Leblanc, où le nombre fatidique est la clé permettant d'ouvrir une cache dans une horloge murale.
Or la personne qui parvient à devancer Lupin dans cette entreprise n'est autre que la femme qu'il aime, Dolorès, par ailleurs responsable de tous les horribles assassinats survenus durant l'aventure. Lorsqu'il comprend la folie criminelle de Dolorès, Lupin hébété retrace dans sa tête toute l'affaire, en y comprenant maintenant le rôle qu'elle y a joué, sans se rendre compte qu'il n'a pas relâché sa prise sur la gorge de celle qui vient de tenter de l'assassiner à son tour. Lorsqu'il reprend ses esprits, elle est morte, étranglée par les mains du gentleman-cambrioleur, dans une scène très forte que tout pro de la com aurait conseillé de modifier, afin de ne pas ternir l'image du héros auprès de son vaste public. Il faut croire que Leblanc avait une tout autre ambition, puisque la mort excusable de la criminelle est suivie de celles de deux innocents, directement imputables à l'aveuglement de Lupin, et que le titre de cette seconde partie de "813" est ainsi Les trois crimes d'Arsène Lupin.
Je me souviens avoir été particulièrement frappé dans ma jeunesse par ce titre, et par son inquiétante couverture. Aujourd'hui, après moult lectures et relectures de toutes les oeuvres de Leblanc, je pense qu'il s'agit de son roman le plus profond, et je ne suis pas le seul, d'autres lecteurs en ayant décelé les aspects balzaciens, auxquels Truffaut devait être sensible, lui qui aimait cette littérature.
Toujours est-il que ces trois crimes de Lupin sont très proches, au niveau de l'image du héros (et de son créateur), de l'épisode du viol de Marnie par Mark Rutland, scène que Hitch a tenu à inclure dans son film, contre l'avis de tous ses collaborateurs (en virant notamment son scénariste, Evan Hunter alias Ed McBain, qui refusait de l'écrire).

Bref il semble se tisser un vaste jeu d'échos entre "813", Marnie et Mata-Hari, à partir duquel il est tentant d'interpréter les citations 813 des films suivants.
Dans La Peau douce, le caractère érotique du nombre 813 est souligné: ce sont d'abord les mains qui se frôlent sur la clé 813 échappée à Nicole, et que Pierre a ramassée, semblant fasciné par ce nombre... Le lendemain, lorsqu'il l'accompagnera jusqu'à la chambre 813, Pierre en possession des deux clés se trompe en lui donnant la clé de sa propre chambre, mais seule la clé 813 pourra pénétrer le trou de la serrure de la chambre 813, où Pierre et Nicole vont devenir amants.
A noter qu'une scène, semble-t-il tournée, soulignait l'importance du nombre 813 et sa signification pour Pierre, mais cette explication a été écartée au montage.
Les amants se retrouveront dans un autre hôtel, à Reims dans la chambre 12 (8+1+3, ce qui est conforme à l'énigme 813 de Leblanc) de l'Hôtel Michelet (H-M !)

Dans Fahrenheit 451, scénario Truffaut-Richard encore, le numéro 381 813 de la clé dérobée par Jeanne Moreau en assommant le colonel qui tentait de la forcer devient le numéro identifiant Montag, joué par Oskar Werner qui était le mari de Moreau dans Jules et Jim, la partageant en toute amitié avec l'amant Jim.
Montag est ici partagé entre sa femme Linda Montag et Clarisse que tout oppose, sinon qu'elles sont jouées par la même actrice, Julie Christie, et qu'elles habitent toutes deux le bloc 813. A remarquer les initiales LM de Linda Montag, qui s'appelait Mildred dans la nouvelle de Bradbury : le sinistre assassin du "813" de Leblanc Maurice n'est connu que par les initiales LM, jusqu'à ce que Lupin découvre qu'il s'agit de sa bien-aimée Dolorès.

Enfin dans La Mariée était en noir, la citation 813 intervient juste après les trois premiers crimes de Julie Kohler, encore Jeanne Moreau (et encore une astuce de Truffaut, Kohler étant le nom du pianiste sur lequel un film récent intimait de tirer), au moment où celle-ci téléphone à la police pour disculper l'institutrice soupçonnée du meurtre de Lonsdale-Morane. Le deuxième crime de Lupin est l'exécution de Léon Massier, condamné pour les meurtres de LM, qu'il arrive trop tard pour empêcher après avoir découvert la véritable identité de LM.

Pour revenir à la date de naissance de Hitch, le 8/13 ou 13/8, 138 est l'une des deux permutations circulaires de 813, l'autre étant 381, ce qui peut éclairer le choix de la combinaison 381 813.
Dans les différentes éditions des entretiens Truffaut-Hitchcock, il n'est jamais précisé la date de ces entretiens, qui débutent par cette question de Truffaut :
F.T. Monsieur Hitchcock, vous êtes né à Londres le 13 août 1899. De votre enfance, je ne connais qu'une histoire, celle du commissariat. Est-ce une histoire vraie ?

En fait, Truffaut n'a fait aucune allusion à la date de naissance de Hitch (lequel devait la connaître), et la prétendue spontanéité des entretiens a été considérablement retravaillée, comme on peut le vérifier en écoutant l'enregistrement original, disponible en ligne.

Dans une interview de 61, Truffaut ne cite pas Hitch parmi ses maîtres immédiats, qui sont Renoir et Rossellini. Il y déclare notamment qu'avant de tourner une scène, il se demande comment aurait procédé Renoir. Dans sa dernière apparition publique, le 13 avril 84 à Apostrophes, Hitchcock a remplacé Renoir.

Voilà pour ce premier volet sur ma théorie 8/13-Hitchcock, dont je suis bien conscient de la fragilité d'ensemble, mais qu'il semble difficile de rejeter dans sa totalité, à moins d'une invraisemblable accumulation de coïncidences...
...que je peux néanmoins imaginer, tant le hasard est impossible à éluder dans le second volet, à venir très prochainement.